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Chinoiserie
DEFINITION
- Subst. fém. Dér. de chinois. Avec l'importation de porcelaines chinoises par la Compagnie française des Indes orientales et les récits de voyage d'explorateurs comme Jean-Baptiste Tavernier, se développe en France dans le dernier quart du XVIIe s. la mode de l'exotisme oriental, qui s'exprime à travers le goût immodéré pour les "chinoiseries". La France est alors très friande de tissus importés de Chine. Ce goût ne s'éteint pas au XVIIIe s. et on voit de plus en plus se développer le style des chinoiseries, qui est perçu comme un art de la fantaisie, et qui se développe à travers une hybridité artistique s'exprimant par des incohérences stylistiques et compositionnelles, défiant les règles de la raison et du classicisme. Les chinoiseries ont connu leur heure de gloire avec le style rococo. Le répertoire chinois a ainsi largement nourri l'imaginaire stylistique et artistique du charmant et du plaisant propre à ce style. De nombreuses créations dans le goût chinois vont aussi s'intégrer dans le style Louis XV. Les chinoiseries sont en effet des créations purement occidentales, même si elles peuvent s'inspirer de sources orientales. Après l'interdiction de l'importation des tissus d'origine chinoise pour protéger l'industrie nationale, va alors se développer la production de tissus chinoisants, confectionnés à Lyon. A la fin du XVIIe s., on lance des tissus avec des motis semi-abstraits, d'inspiration chinoise, mêlés à des fleurs et des animaux fantaisistes, tout cela dans des compositions asymétriques relevées de couleurs vives et rehaussées de brochés d'or et d'argent. Ce sont les soies "bizarres", qui ont du succès jusque dans les années 1725. La chinoiserie sur tissu se tourne alors vers les fleurs des Indes et les motifs moins abstraits influencés par les panneaux de laque importés de Chine et du Japon. Jean Revel à Lyon et Antoine Fraisse à Paris développent ainsi des motifs de fleurs, entremêlés de parasols, de personnages et de motifs architecturaux. De grands artistes comme François Boucher donnent un second souffle à la chinoiserie ; Jean Pillement, peintre et aquafortiste lyonnais (1728-1808) va aussi beaucoup influencer la création textile européenne jusqu'à la fin du XVIIIe s. Les tisserands et lissiers sont ainsi influencés par les artistes, et confectionnent des étoffes dans le style "chinoiserie", à la fois pour l'habillement et pour l'ameublement.
BROADER CONCEPT
RELATED CONCEPTS
BIBLIOGRAPHIC CITATION
- Alain Gruber, Chinoiserie. L'influence de la Chine sur les arts en Europe XVIIe -XIXe s., Bern : Abegg-Stiftung Bern in Riggisberg, 1984
- Bernard Wodon, L'ornement de l'Antiquité au XXe s., Paris : Citadelles & Mazenod, 2014
- Dictionnaire de l'Académie française, https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9R2958.
- Vanessa Alayrac-Fielding (dir.), Rêver la Chine, Tourcoing : Editions invenit, 2017
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